Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/137

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bien qu’il jouait tout, que c’était un moment suprême, et pour lui et pour l’Assemblée. Il la mettait en demeure de choisir entre la monarchie et le gouvernement fédératif (il affectait de ne comprendre nulle république que fédérative pour un grand État). La monarchie étant seule possible, disait-il, il faut bien subir l’inviolabilité, qui en est la base. « Mais si le roi fait des fautes ?… » Le danger pour la liberté serait qu’il n’en fît aucune. Si vous suivez aujourd’hui le ressentiment personnel en violant la constitution, prenez bien garde un jour de suivre l’enthousiasme. Craignez qu’un jour la même mobilité du peuple, l’enthousiasme d’un grand homme, la reconnaissance des grandes actions (car la nation française sait bien mieux aimer que haïr), ne renversent en un moment votre absurde république… Croyez-vous qu’un conseil exécutif, faible par essence, résistât longtemps aux grands généraux ? etc.

« Voilà pour la constitution. Parlons dans la Révolution : après l’anéantissement de la royauté, savez-vous ce qui suivra ? L’attentat à la propriété… Vous ne l’ignorez pas, la nuit du 4 août a donné plus de bras à la Révolution que tous les décrets constitutionnels. Pour ceux qui voudraient aller plus loin, quelle nuit du 4 août reste-t-il à faire ?… »

Ces deux discours, habiles, hardis, auraient entraîné l’Assemblée, si elle en eût eu besoin. Mais elle était toute fixée d’avance sur ce qu’elle voulait. La Fayette demanda la clôture. L’Assemblée,