Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/146

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d’abord. Bonneville, de la Bouche de fer, arrêta la chose, et les Cordeliers aussi : « On trompe le peuple, dit Bonneville, avec ce mot constitutionnels ; voilà une autre royauté, vous ne faites autre chose que remplacer un par un. » — « Prenez garde, disaient les Jacobins, le temps n’est pas mûr pour la république. » — Ils eurent beau dire. On mit la chose aux voix, et le mot constitutionnels fut effacé. On ajouta qu’on ne reconnaîtrait plus ni Louis XVI ni aucun autre roi. Il fut entendu que le lendemain dimanche, la pétition ainsi amendée serait signée par le peuple à l’autel.

Quelques-uns, pensant bien que cette déclaration de guerre à la royauté ne passerait pas sans orage, avisèrent qu’il fallait s’assurer, à l’Hôtel de Ville, d’une autorisation pour la réunion du lendemain. Plusieurs en effet partirent, Bonneville en était, et (sur la route, ce semble) ils prirent avec eux Camille Desmoulins. Ils ne trouvèrent à la Ville que le premier syndic, qui n’osa pas refuser, donna de bonnes paroles, nul écrit ; ils se tinrent satisfaits et se crurent autorisés.

La journée n’était pas finie. L’Assemblée tenait encore ; elle fut sans doute avertie et de l’autorisation demandée à l’Hôtel de Ville, et de la pétition « pour ne reconnaître Louis XVI ni aucun roi ». Le lendemain, c’était dimanche. Tout Paris, toute la banlieue, émus depuis l’autre dimanche par tant d’événements coup sur coup, allaient se rendre au Champ de Mars. Le peuple souverain allait se lever,