Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/162

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pas impossible ; mais ni lui ni autre n’avait la moindre action sur la foule. Elle était devenue immense, mêlée de mille éléments divers, d’autant moins facile à entraîner, d’autant moins offensive. Les villages de la banlieue, ne sachant rien des derniers événements, s’étaient mis en marche, spécialement la banlieue de l’Ouest, Vaugirard, Issy, Sèvres, Saint-Cloud, Boulogne, etc. Ils venaient comme à une fête ; mais une fois au Champ de Mars, ils n’avaient aucune idée d’aller au delà ; ils cherchaient plutôt, dans ce jour d’extrême chaleur, un peu d’ombre pour se reposer sous les arbres qui sont autour, ou bien au centre, sous la large pyramide de l’autel de la Patrie.

Cependant un dernier, un foudroyant message de l’Assemblée arrive, vers quatre heures, à l’Hôtel de Ville ; et, en même temps, un bruit venu de la même source se répand à la Grève, dans tout ce qu’il y avait là de garde soldée : « Une troupe de cinquante mille brigands se sont postés au Champ de Mars ; ils vont marcher sur l’Assemblée. »

Ceci était tout contraire au rapport de La Fayette, contraire au rapport des deux municipaux revenus plus tard encore à l’Hôtel de Ville, et qui même avaient ramené une députation de ces paisibles brigands, pour obtenir l’élargissement de deux ou trois personnes arrêtées. Le maire, la municipalité, le département, flottent entre ces impressions contraires ; ils voudraient trouver moyen d’ajourner encore. Cependant l’Assemblée commande ; Bailly ne peut qu’obéir. Les gens du département, La Rochefou-