Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/202

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l’Assemblée une révérence profonde, comme pour la remercier de donner pour l’appel aux armes une si belle occasion.

Barnave et Chapelier essayèrent sur-le-champ de marcher sur l’étincelle, ils se déclarèrent contre la mesure de rigueur qu’on voulait appliquer aux prêtres, la firent rejeter. Le côté droit rentra aux séances suivantes ; on avait lieu de le croire apaisé. Mais, le 8 août, au jour même où s’ouvraient les débats de la revision, d’Espreménil, au nom de ses collègues, déclara qu’ils persistaient dans toutes leurs protestations. Chacun d’eux se leva et dit fermement : « Je le déclare. »

Ainsi fut brisé le pacte plus politique qu’honorable que Barnave avait espéré de faire conclure tacitement entre la droite et les constitutionnels. Malouet, comme il était convenu, entama la critique de la constitution avec beaucoup de finesse et de force. Mais Chapelier l’interrompit. Délié du traité secret par la nouvelle protestation du côté droit, il soutint que Malouet devait parler, non sur le fond, mais seulement sur l’ordre établi entre les divers titres de la constitution.

L’arrangement, la fusion nécessaire pour faire un corps de tant de lois éparses, avaient embarrassé longtemps les comités de constitution et de revision. Ce fut, dit-on, un ami de La Fayette, Ramond, depuis membre de la Législative, qui leur proposa l’ordre auquel ils finirent par s’arrêter ; ordre savant, habile, trop habile, qui, sous prétexte de fondre, absorbait,