Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/402

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Vienne avait été fait précisément sur les notes fournies par eux à la reine. C’étaient eux qui la conseillaient. Pour Barnave, dès la fin de décembre, il avait quitté Paris.

La reine, c’était le lien entre les Feuillants et l’Autriche, le fatal obstacle qui arrêtait tout.

Le but ainsi marqué, la Gironde remit le glaive national aux puissantes mains de Vergniaud.

Il résuma l’accusation de Brissot, comme lui montra, en toutes choses, l’inertie calculée de la cour, puis ajouta un fait terrible, que Brissot n’avait pas dit : « Ici, ce n’est plus moi que vous allez entendre, c’est une voix plaintive qui sort de l’épouvantable glacière d’Avignon. Elle vous crie : « Le décret de réunion à la France a été rendu en septembre. S’il fût arrivé sur-le-champ, il eût apporté la paix. En devenant Français, peut-être nous aurions abjuré la haine, nous serions devenus frères. Le ministre a gardé deux mois le décret… C’est notre sang, ce sont nos cadavres qui l’accusent aujourd’hui. »

Puis, rappelant la fameuse apostrophe de Mirabeau (Je vois d’ici la fenêtre, etc.) : « Et moi aussi, je puis le dire, de cette tribune on voit le palais où se trame la contre-révolution, où l’on prépare les manœuvres qui doivent nous livrer à l’Autriche… Le jour est venu où vous pouvez mettre un terme à tant d’audace et confondre les conspirateurs. L’épouvante et la terreur sont souvent sorties de ce palais, dans les temps antiques, au nom du