Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/416

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comme tel. Ses banalités morales, qui tenaient fort du sermon, leur allaient parfaitement ; elles se croyaient à l’église. Elles aiment les apparences austères, soit que, si souvent victimes de la légèreté des hommes, elles se serrent volontiers près de ceux qui les rassurent ; soit que, sans s’en rendre compte, elles supposent instinctivement que l’homme austère, en général, est celui qui gardera le mieux son cœur pour une personne aimée.

Pour elles, le cœur est tout. C’est à tort qu’on croit, dans le monde, qu’elles ont besoin d’être amusées. La rhétorique sentimentale de Robespierre avait beau être ennuyeuse, il lui suffisait de dire : « Les charmes de la vertu, les douces leçons de l’amour maternel, une sainte et douce intimité, la sensibilité de mon cœur », et autres phrases pareilles, les femmes étaient touchées. Ajoutez que, parmi ces généralités monotones, il y avait toujours une partie individuelle, plus sentimentale encore, sur lui-même ordinairement et sur ses mérites, sur les travaux de sa pénible carrière, sur ses souffrances personnelles ; tout cela, à chaque discours, et si régulièrement qu’on attendait ce passage et tenait les mouchoirs prêts. Puis, l’émotion commencée, arrivait le morceau connu, sauf telle ou telle variante, sur les dangers qu’il courait, la haine de ses ennemis, les larmes dont on arroserait un jour la cendre des martyrs de la liberté… Mais, arrivé là, c’était trop, le cœur débondait, elles ne se contenaient plus et s’échappaient en sanglots.