Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/454

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prochain trimestre qu’aux membres qui prouveraient qu’ils avaient payé l’impôt. Robespierre fit une objection vraiment surprenante : « Une quittance d’imposition est-elle un garant de patriotisme ?… Un homme, gorgé du sang de la nation, viendra apporter sa quittance, etc… Il me semblerait meilleur citoyen, celui qui, pauvre, mais honnête homme, gagnerait sa vie sans pouvoir payer ses contributions, que celui qui, gorgé peut-être de richesses, ferait des présents puisés à une source corrompue », etc. — Puis, après cette lâche flatterie au populaire, cet encouragement à l’égoïsme, à la désorganisation en présence de l’ennemi, il revenait à son texte éternel, se lamentait sur lui-même, pour mieux frapper sur les autres : « Perfides intrigants, vous vous acharnez à ma perte, mais je vous déclare que plus vous m’avez isolé des hommes, plus vous m’avez privé de communication avec eux… »

Cette citation textuelle des Rêveries de Rousseau était prodigieusement ridicule, au moment où il se retrouvait plus que jamais entouré des Jacobins, qui, pour lui, le 30 avril, avaient définitivement rompu avec la Gironde. Tallien même, qui, le 30, avait aidé au succès de Robespierre, ne put s’empêcher ici d’éprouver un mouvement d’indignation et de mépris pour ce bavardage hypocrite. — Son maître, Danton, moins jeune et plus politique, en effaça l’impression par un éloge enthousiaste des vertus de Robespierre. Il allait avoir besoin de se