Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/477

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La difficulté réelle, c’était l’absence de décision, le défaut d’unité d’esprit. Les royalistes auraient frappé, sans hésitation, un coup sec et meurtrier ; les Feuillants, les fayettistes, auraient frappé à moitié, craignant, derrière l’anarchie, de tuer la liberté. La cour, qui connaissait bien les scrupules de ce parti, hésitait à l’employer. Elle le laissait parler, le montrait comme épouvantail, elle ne désirait pas sincèrement qu’il agît. Triompher par La Fayette, c’eût été pour la reine la défaite la plus amère. Elle aurait pensé alors que la Révolution modérée eût eu chance de durée, tandis qu’elle aimait bien mieux croire que les Jacobins, après tout, avaient, par leur fureur même, le mérite de lasser la France, de pousser la Révolution à son terme, d’épuiser la fatalité.

Le 12 juin, le directoire de Paris commença l’attaque par une lettre à Roland, ministre de l’intérieur. Il invoquait les lois qui pouvaient autoriser à fermer les Jacobins.

Le 16 juin, au camp de Maubeuge, La Fayette, instruit du renvoi des trois ministres girondins et du maintien de Dumouriez, fit la démarche décisive d’écrire à l’Assemblée une lettre sévère, violente et menaçante, celle que César eût pu écrire au sénat de Rome, en venant de Pharsale. C’était d’abord une reproduction de la lettre du directoire de Paris contre les Jacobins. Puis des conseils à l’Assemblée, ou plutôt des conditions, posées l’épée à la main, la recommandation de respecter la royauté, la liberté