Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 3.djvu/497

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foule, il y avait au dehors un engorgement, un étouffement prodigieux. On avait fermé la grille des Tuileries, et derrière se trouvait un bataillon de garde nationale avec trois pièces de canon. La file arrêtée, sans issue, heurtait violemment cette grille ; et derrière, toujours et toujours, la foule allait s’accumulant. Pendant qu’on court au château demander qu’on ouvre, la grille est forcée. La foule suit la terrasse des Feuillants. Mais, au lieu de sortir du côté où est maintenant la rue de Rivoli, elle force l’entrée du jardin, et, passant pacifiquement devant la haie des gardes nationaux rangés le long du château, elle va ressortir du côté du quai pour entrer dans le Carrousel. Les guichets étaient gardés ; la multitude est repoussée, elle s’irrite, une collision paraît imminente. Deux officiers municipaux, le Diable boiteux Mouchet et un autre, essayent d’apaiser la foule en laissant passer une première bande qui se présentait. D’autres municipaux, plus favorables encore au mouvement, laissent passer le reste. Les voilà dans le Carrousel. À la porte de la cour royale, un municipal les harangue : « C’est le domicile du roi ; vous n’y pouvez entrer en armes. Il veut bien recevoir votre pétition, mais seulement par vingt députés… — Il a raison », disaient ceux qui pouvaient entendre. Mais ceux qui étaient derrière n’entendaient pas et poussaient de toutes leurs forces.

Cette foule avait à craindre derrière elle les canons de la garde nationale. Mais le commandant de cette