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CHAPITRE IV

LA SOCIÉTÉ EN 1791. — LE SALON DE CONDORCET.


Deux religions se posent en face : l’idole et l’idée. — Règne du sentiment, des femmes. — L’amour du réel et de l’idéal confondu. — Tendances élevées des femmes. — Elles se mêlent à la vie politique.. — Genlis, Staël, Kéralio, de Gouges, etc. — Le salon de Mme de Condorcet. — Caractère de Condorcet ; noble influence de sa femme sur lui. — Son républicanisme. — Juillet 1791. — Sa situation double et contradictoire.


Presque en face des Tuileries, sur l’autre rive, en vue du pavillon de Flore et du salon royaliste de Mme de Lamballe, est le palais de la Monnaie. Là fut un autre salon, celui de M. de Condorcet, qu’un contemporain appelle le foyer de la république.

Ce salon européen de l’illustre secrétaire de l’Académie des Sciences, du dernier des philosophes, vit en effet se concentrer, de tous les points du monde, la pensée républicaine du temps. Elle y fermenta, y prit corps et figure, y trouva ses formules. Pour l’initiative et l’idée première, elle appartenait, nous l’avons vu, dès 1789, à Camille Desmoulins. En juin 1791, Bonneville et les Cordeliers ont poussé