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LES FEMMES DE LA RÉVOLUTION

pendant que les crieurs publics lui chantent sous ses fenêtres : « La mort de la femme Roland ! » Robespierre, la veille du 9 thermidor, entre la pensée de l’assassinat et celle de l’échafaud, arrondit sa période, moins soucieux de vivre, ce semble, que de rester bon écrivain.

Comme politiques et gens de lettres, dès cette époque, ils s’aimaient peu. Robespierre, d’ailleurs, avait un sens trop juste, une trop parfaite entente de l’unité de vie nécessaire aux grands travailleurs, pour se rapprocher aisément de cette femme, de cette reine. Près de Mme Roland, qu’eût été la vie d’un ami ? ou l’obéissance, ou l’orage.

M. et Mme Roland ne revinrent à Paris qu’en 92, lorsque la force des choses, la chute imminente du trône, porta la Gironde aux affaires. Mme Roland fut, dans les salons dorés du ministère de l’intérieur, ce qu’elle avait été dans sa solitude rustique. Seulement ce qu’il y avait naturellement en elle de sérieux, de fort, de viril, de tendu, y parut souvent hauteur et lui fit beaucoup d’ennemis. Il est faux qu’elle donnât les places, plus vrai qu’au contraire elle notait les pétitions de mots sévères qui écartaient les solliciteurs.

Les deux ministères de Roland appartiennent à l’histoire plus qu’à la biographie. Un mot seulement sur la fameuse Lettre au Roi, à propos de laquelle on a inculpé, certes à tort, la loyauté du ministre et de sa femme.

Roland, ministre républicain d’un roi, se sentant chaque jour plus déplacé aux Tuileries, n’avait mis le pied dans ce lieu fatal qu’à la condition positive