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Mlle KÉRALIO

donner. Mme Robert alla chez Brissot, qui, dans son ingénuité, dit qu’elle avait fait une folie de demander une ambassade, et qu’avec de pareilles prétentions l’on devait finir par ne rien obtenir. Nous ne la revîmes plus ; mais son mari fit une brochure contre Brissot pour le dénoncer comme un distributeur de places et un faussaire qui lui avait promis l’ambassade de Constantinople, et s’était dédit. Il se jeta aux Cordeliers, se lia avec Danton, s’offrit d’être son commis lorsqu’au 10 août Danton fut ministre, fut poussé par lui au corps électoral et dans la députation de Paris à la Convention ; paya ses dettes, fit de la dépense, recevait chez lui, à manger, d’Orléans et mille autres ; est riche aujourd’hui ; calomnie Roland et déchire sa femme : tout cela se conçoit ; il fait son métier et gagne son argent. »

Ce portrait amer, injuste, et qui prouve que Mme Roland, que les plus grands caractères ont leurs misères et leurs faiblesses, est matériellement inexact, en plus d’un point, en un très certainement. Robert ne se jeta point aux Cordeliers à la fin de 92, puisqu’il leur appartenait dès le commencement de 91, et qu’en juillet 91 il avait fait avec sa femme l’acte le plus hardi qui signale les Cordeliers à l’histoire, l’acte originel de la République.

Robert était un bon homme, d’un cœur chaleureux. Il paraît avoir été l’un de ceux qui, dans l’été de 93 (en août ou septembre), firent, avec Garat, quelques tentatives près de Robespierre pour sauver