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LA TOUR D’AUVERGNE


LE PREMIER GRENADIER DE LA RÉPUBLIQUE


I


Corret de La Tour d’Auvergne naquit noble ; ce n’est pas sa faute. Il ne nous appartient pas moins, il appartient au peuple, à la Révolution. Elle le trouva repoussé de l’Ancien Régime ; elle le créa, elle l’illustra. Il avait près de cinquante ans, et il servait depuis vingt-cinq ans, sans avoir jamais pu obtenir de se battre pour la France. La Révolution arrive, l’invasion nous menace on le presse d’émigrer. Il répond ces simples paroles « J’appartiens à la patrie. »

On vit alors un miracle. On vit cet homme qui avait été malade pendant de longues années, parvenu déjà à cet âge dans une vie d’études et de livres, partir à la tête de nos Basques, devancer ces rudes marcheurs, les premiers du monde, dans des marches continues de soixante heures, tomber sur les Espagnols, par les chemins des chamois, les glaciers, les précipices, prendre tel fort à lui seul, et, par des exploits romanesques qu’on croit lire dans