supériorité de la Bretagne et de la France sur tous les peuples du monde, c.’était peu de l’affirmer, il voulait la prouver aussi, à la vieille façon bretonne, par son bras et son épée.
Là, que de difficultés ! Le fils d’un avocat de Basse-Bretagne, tant bon gentilhomme fût-il, avait bien peu de chances dans l’état militaire. Tous les grades se donnaient à la noblesse de cour. On voyait des officiers de quinze ans, gradés pour leur jolie figure. On voyait des colonels de dix ans ; on en voyait au maillot, teter devant leur régiment, à la barbe des vieux grenadiers.
Corret, après avoir fait d’excellentes études à l’école de La Flèche, s’était formé dans l’arme qui fait les bons et solides militaires, dans l’infanterie. Il y resta d’abord treize ans, sans avoir rien qu’une lieutenance, malade presque toujours (par suite d’un accident), traînant tantôt aux eaux de Bade, tantôt aux eaux de Plombières ; on était même obligé de le mettre sur un petit chariot ; personne, en le voyant là, n’eût deviné que, plus tard, lancé par la Révolution, il étonnerait les Basques eux-mêmes de son agilité dans une guerre de montagnes.
En attendant, de garnison en garnison, il se mourait d’ennui.