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HOCHE

Le premier bulletin daté de Landau fut envoyé par Pichegru. Barère parla de la victoire, sans dire un seul mot de Hoche.

Landau, Bitche, ces forteresses étaient le dernier, le faible fil auquel était suspens ; le grand avenir de la France. Le Comité de salut public, dans ce péril, avait pris une décision forte. Il avait envoyé dans Strasbourg, perdue presque pour la République entre les traîtres et les fous, il avait envoyé Saint-Just, c’est-à-dire la loi, la mort.

Qu’allait-on faire maintenant ?Qui devait commander les deux armées pour agir d’ensemble ? Saint-Just ne daignait pas communiquer à Baudot et à Lacoste ses instructions secrètes. Ils se lassèrent de cette taciturnité et de l’inaction de Pichegru. Ils jouèrent leur vie. Le 24 décembre, ils ordonnèrent à Pichegru d’obéir à Hoche.

Tout dès lors alla comme la foudre. Hoche lança six mille hommes au delà du Rhin, sur les derrières de l’ennemi. Puis, lui-même, en cinq jours de combat, terribles, acharnés, il poussa l’ennemi à mort, et se jeta sur le Rhin.

Voilà l’Alsace sauvée, l’étranger chassé, le Rhin repris, conquis, gardé (jusqu’en 1815) !

Quels sont les plans admirables qu’on reproche à Hoche, Lacoste et Baudot d’avoir fait manquer par leurs victoires ? On eût, dit-on, enveloppé l’armée autrichienne. C’était l’idée fixe toujours de prendre et d’envelopper. On le voulait à Dunkerque. Il semble qu’on n’ait pas su ce qu’étaient les armées de la République. Très vaillantes, elles étaient très peu manœuvrières encore, très peu capables de ces opé-