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MAMELI

dance d’abord et l’expulsion des Barbares, puis l’unité de la patrie, enfin les garanties morales de l’existence elle-même, la sécurité du foyer et de la famille, la liberté de la pensée, la conscience même et l’honneur, la faculté de vivre et de mourir sans devenir un espion ! Ils combattaient, il faut le dire, pour ce qui est le tout de l’homme. Rien d’étonnant s’ils déployèrent une passion, un élan qu’aucune révolution n’a surpassés peut-être, et qui frappèrent l’ennemi d’étonnement et de stupeur.

Un des généraux autrichiens qui ont noyé dans le sang l’infortunée Brescia, le vieux Nugent, blessé à mort devant cette ville, l’a constituée elle-même héritière de tous ses biens, comme la plus vaillante population que, dans sa longue carrière militaire, il eût rencontrée jamais.

Deux choses portaient au comble l’exaltation italienne : l’unité d’une grande patrie sentie pour la première fois, et le bonheur imprévu de se trouver si vaillants. Ils n’en savaient rien eux-mêmes, au bout de cette longue paix. Quoique les armées de Napoléon eussent mis en grande lumière la bravoure de diverses populations italiennes, comme les Piémontais et les Romagnols, l’Italie ne savait pas que, dans toutes ses tribus indistinctement, au jour de la grande crise, elle serait héroïque. On parlait légèrement de la mollesse des Toscans, par exemple, de la mobilité des Napolitains, qui en feraient, disait-on, de mauvais soldats. Et les cinq mille volontaires qu’ont fournis ces nations à la guerre lombarde ont tout au moins égalé ceux des parties de l’Italie réputées les plus militaires.