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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

poste de Monte-Mario, on prend toute une compagnie plongée dans le sommeil.

Ville prise ! Les assaillants avancent sans obstacle. Il était une heure du matin. Ils arrivent aux portes… Là, ils trouvent Garibaldi.

L’intrépide soldat ne dormait guère. Il était là, devant les portes, et sept cents volontaires avec lui. Toute la ville s’armait dans la plus violente indignation, dans une inexprimable fureur. Tous les hommes coururent. Les femmes allaient les suivre. Sur huit mille hommes de garde nationale active, sept mille cinq cent cinquante six allèrent au combat.

Cette affaire déplorable, cette attaque en pleine trêve, coûta la vie au pauvre Mameli.

Arrivé des premiers aux côtés de Garibaldi, il reçut une balle à la jambe.

Blessure qu’on crut d’abord légère, et qui causa sa mort.

Que devenait l’âme du poète, de notre Mameli, le cœur de celui qui, disent ses amis, aimait tant les femmes et les fleurs, et quelle dut être son ivresse, dans ce triomphe du printemps, dans cette aurore de Rome, dans cette fête d’amour et de patrie, dans ce rêve sublime de gloire et d’avenir ?… nous l’ignorons ; un si beau jour n’a pas laissé trace en ses chants.

Merci, jeune homme ! j’en bénis ta mémoire ! Une généreuse, pudeur t’a fait taire le malheur de la France.

Ce sentiment fut celui de Rome tout entière. L’accueil qu’elle fit à nos soldats prisonniers restera à