Aller au contenu

Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
CONVENTION NATIONALE.

coup de désavantage. Sa modération et son mauvais système d’attaque le firent remplacer par Canclaux et Rossignol, qui ne furent pas plus heureux. Il y eut deux chefs, deux armées et deux centres d’opérations, l’un à Nantes et l’autre à Saumur, placés sous des influences contraires. Le général Canclaux ne put pas s’entendre avec le général Rossignol, ni le commissaire de la Montagne modérée Philipeaux avec le commissaire du comité de salut public Bourbotte ; et cette tentative d’invasion manqua comme les précédentes, par défaut de concert dans les mesures et d’ensemble dans les mouvements. Le comité de salut public y remédia bientôt en nommant un seul généralissime, Léchelle, et en introduisant la grande guerre dans la Vendée. Cette nouvelle méthode, secondée par la garnison de Mayence, forte de dix-sept mille hommes aguerris, qui, ne pouvant plus servir contre les coalisés d’après leur capitulation, furent employés dans l’intérieur, fit changer la guerre de face. Les royalistes essuyèrent quatre défaites consécutives, deux à Châtillon, deux à Cholet. Lescure, Bonchamps, d’Elbée furent blessés à mort ; et les insurgés complètement battus dans la haute Vendée, craignant, s’ils se réfugiaient dans la basse, d’y être exterminés, se décidèrent à quitter leur pays au nombre de quatre-vingt mille. Cette émigration à travers la Bretagne, qu’ils espéraient insurger, leur devint fatale. Repoussés devant Grandville, mis en pleine déroute au Mans, ils furent détruits à Savenay, et il rentra à peine dans la Vendée quelques mille hommes des débris de cette grande émigration. Ces désastres, irréparables pour la cause royaliste, la prise de l’île de Noirmoutiers sur Charette, la dispersion des troupes de ce chef, la mort de La Rochejacquelin, rendirent les républicains maîtres du pays. Le comité de salut public, croyant, non sans motif, que ses ennemis étaient abattus, mais qu’ils n’étaient pas soumis, adopta un système terrible d’extermination pour les empêcher de se relever. Le général Thurreau entoura la Vendée réduite de seize camps retranchés ; douze colonnes mobiles, sous le nom de colonnes infernales, parcoururent le pays dans tous les sens, le fer et la flamme à la main, fouil-