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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/289

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CONVENTION NATIONALE.

bins, il s’éleva contre le comité lui-même, et il choisit pour cela un jour que Barrère présidait la société populaire. Au sortir de la séance, celui-ci retourna chez lui découragé. « Je suis soûl des hommes, dit-il au juré Villate. — Quelle a pu être, lui demanda celui-ci, sa raison de t’attaquer ? — Ce Robespierre est insatiable, reprit Barrère ; parce qu’on ne fait pas tout ce qu’il voudrait, il faut qu’il rompe la glace avec nous. S’il nous parlait de Thuriot, Guffroi, Rovère, Lecointre, Panis, Cambon, Monestier, de toute la séquelle dantoniste, nous nous entendrions ; qu’il demande encore Tallien, Bourdon de l’Oise, Legendre, Fréron, à la bonne heure... Mais Duval, mais Audoin, mais Léonard Bourdon, Vadier, Vouland, il est impossible d’y consentir. » Livrer des membres du comité de sûreté générale, c’était s’entamer eux-mêmes. Aussi tinrent-ils bon : ils attendirent l’attaque tout en la craignant. Robespierre était très redoutable, soit en raison de sa puissance, soit en raison de sa haine et de ses projets ; c’était lui qui devait commencer le combat.

Mais comment s’y prendre ? il se trouvait pour la première fois l’auteur d’une conjuration ; jusqu’ici il avait profité de tous les mouvements populaires. Danton, les Cordeliers et les faubourgs avaient fait le 10 août contre le trône ; Marat, la Montagne et la commune avaient fait le 31 mai contre la Gironde ; Billaud, Saint-Just et les comités avaient opéré la ruine de la commune et l’affaiblissement de la Montagne. Robespierre restait seul aujourd’hui. Ne pouvant pas s’aider du gouvernement, puisqu’il se déclarait contre les comités, il eut recours au bas peuple et aux Jacobins. Les principaux conjurés furent : Saint-Just et Couthon dans le comité ; le maire Fleuriot et l’agent national Payan dans la commune ; le président Dumas et le vice-président Coffinhal dans le tribunal révolutionnaire ; le commandant de la force armée Henriot et la société populaire. Le 15 messidor, trois semaines après la loi de prairial, et 24 jours avant le 9 thermidor, la résolution était déjà prise : à cette époque et sous cette date, Henriot écrivit au maire : « Camarade, tu seras content de moi