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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/304

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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

l’insurrection. Mais, de même que la convention ayant l’appui du comité, était devenue courageuse, de même les sections comptant sur le courage de la convention, devaient se déclarer contre les insurgés. En attaquant le gouvernement, il soulevait l’assemblée ; en soulevant l’assemblée, il déchaînait le peuple, et cette coalition devait le perdre. La convention au 9 thermidor n’était plus comme au 31 mai, divisée, indécise, en présence d’une faction compacte, nombreuse et hardie. Tous les partis étaient unis par la défaite, le malheur, la proscription toujours menaçante, et devaient s’associer en cas de combat. Il ne dépendait donc pas de Robespierre de n’être pas vaincu. Dépendait-il de lui de ne pas se séparer des comités ? pas davantage. Au point où il était arrivé, on veut être seul, on est dévoré par ses passions, trompé par ses espérances et par sa fortune jusque-là heureuse ; et la guerre une fois déclarée, la paix, le repos, le partage du pouvoir ne sont pas plus possibles que la justice et la clémence lorsque les échafauds ont été une fois dressés. Il faut alors qu’on tombe par ce qui a servi à vous élever : il faut, homme de faction, qu’on périsse par les échafauds, comme les conquérants par la guerre.