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Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/451

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EMPIRE.

famille royale en 1814. Il paraissait le grand-maître des cérémonies du pouvoir, et c’était lui qui, depuis trente années, congédiait et installait les divers gouvernements. Le sénat, sous son influence, nomma un gouvernement provisoire, déclara Napoléon déchu du trône, le droit d’hérédité aboli dans sa famille, le peuple français et l’armée déliés envers lui du serment de fidélité. Il proclama tyran celui dont il avait facilité le despotisme par ses longues adulations.

Cependant Napoléon, pressé par ses alentours de secourir la capitale, avait abandonné sa marche sur Saint-Dizier, et accourait à la tête de cinquante mille hommes, espérant y empêcher encore l’entrée de l’ennemi. Mais en arrivant, le 1er avril, il apprit la capitulation de la veille, et il se concentra sur Fontainebleau, où il fut instruit de la défection du sénat et de sa déchéance. C’est alors que, voyant tout plier autour de lui sous la mauvaise fortune, et le peuple, et le sénat, et les généraux, et les courtisans, il se décida à abdiquer en faveur de son fils. Il envoya le duc de Vicence, le prince de la Moskowa, le duc de Tarente, comme plénipotentiaires vers les confédérés ; ils devaient prendre en route le duc de Raguse, qui couvrait Fontainebleau avec un corps d’armée.

Napoléon, avec ses cinquante mille hommes et sa forte position militaire, pouvait imposer encore la royauté de son fils à la coalition. Mais le duc de Raguse abandonna son poste, traita avec l’ennemi, et laissa Fontainebleau à découvert. Napoléon fut alors réduit à subir les conditions des alliés : leurs prétentions augmentaient avec leur puissance. À Prague, ils lui cédaient l’empire avec les limites des Alpes et du Rhin ; après l’invasion de la France, ils lui offraient, à Châtillon, les possessions seules de l’ancienne monarchie ; plus tard, ils lui refusaient de traiter avec lui pour ne traiter qu’en faveur de son fils ; mais aujourd’hui, décidés à détruire tout ce qui restait de la révolution par rapport à l’Europe, ses conquêtes et sa dynastie, ils forcèrent Napoléon à une abdication absolue. Le 11 avril 1814, il renonça pour lui et ses enfants aux trônes de France et d’Italie, et reçut en échange de sa vaste souve-