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Page:Mikhaël-Lazare - La Fiancée de Corinthe, 1888.djvu/10

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LA FIANCÉE DE CORINTHE

ACTE PREMIER

Le théâtre représente la cour d’une maison. Dans le mur de droite s’ouvre une porte exhaussée de degrés ; dans le mur de gauche, une petite porte parmi les lierres et les vignes vierges. Au milieu, sur quatre marches de marbre, se dresse l’autel. La cour est formée par une haie fleurie, trouée d’une brèche, au-delà de laquelle on aperçoit les champs et les pâles oliviers descendant vers les plaines et vers la gauche, près du mur, les premiers arbres d’un jardin. C’est une journée tiède et lumineuse, au temps des raisins mûrs.


Scène première

DÉMOPHOS, MÉNŒCHOS, APOLLONIA
(Apollonia paraît sur les degrés de la maison. Elle s’appuie
à l’une des colonnes de la porte.)
Apollonia

Elle dort. Chère mère, tu reposes d’un salutaire sommeil que depuis longtemps tu ne connaissais plus. Hier encore, quand je franchissais cette porte, c’était pour venir pleurer devant l’autel et je suppliais les dieux d’épargner ma mère et de me frapper à sa place. Maintenant elle s’est endormie tranquille et souriante. Bientôt, sans doute, elle reviendra s’asseoir auprès de nous sur ces degrés… (Elle descend et s’assied au pied de l’autel, rêveuse, elle regarde autour d’elle.) Comme le ciel est clair ! Comme la lumière est douce sur les arbres ! Allons,