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Page:Millanvoye — Anthologie des poètes de Montmartre, éd7.djvu/421

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BALLADE EN l’HONNEUR d’UN BEAU COU

Bien que ton œil noir m’intimide,
Sans remords bravant ta pudeur,
De ton corps frêle et si... solide
Je voudrais chanter la splendeur.
Hélas, mon regard maraudeur,
De ta personne intéressante
N’a, jusqu’à ta gorge naissante,
Vu que ton cou — magnifique, ou
C’est qu’alors ma raison s’absente !
... Si tout le reste vaut le cou !

Tu caches, avare sordide,
Avec une aimable candeur
Dénotant, presque, un cerveau vide,
Certain trésor, double rondeur :
Y saurais-tu quelque laideur ?
— Permets, enquête point blessante.
Que de ton sein une main sente
Bien la valeur intrinsèque... — Où
Veux-tu qu’à te suivre on consente.
Si tout le reste vaut le cou ?

Venterai-je, en style insipide,
Ton beau front, ton teint, ta blondeur,
Ta bouche, de baisers avide,
Tes yeux qui promettent tant d’heur ?