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Page:Milton - Le Paradis perdu, trad. de Chateaubriand, Renault et Cie, 1861.djvu/127

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« Parlez, vous qui pouvez mieux dire, vous, fils de la lumière, anges ! car vous le contemplez, et avec des cantiques et des chœurs de symphonies, dans un jour sans nuit, pleins de joie, vous entourez son trône, vous dans le ciel !

« Sur la terre que toutes les créatures le glorifient, lui le premier, lui le dernier, lui le milieu, lui sans fin !

« Ô la plus belle des étoiles, la dernière du cortège de la nuit, si plutôt tu n’appartiens pas à l’aurore, gage assuré du jour, toi dont le cercle brillant couronne le riant matin, célèbre le Seigneur dans ta sphère, quand l’aube se lève, à cette charmante première heure !

« Toi, soleil, à la fois l’œil et l’âme de ce grand univers, reconnais-le plus grand que toi, fais retentir sa louange dans ta course éternelle, et quand tu gravis le ciel, et quand tu atteins la hauteur du midi, et lorsque tu tombes !

« Lune, qui tantôt rencontres le soleil dans l’orient, qui tantôt fuis avec les étoiles fixes, fixées dans leur orbe, qui fuit ; et vous, autres feux errants, qui tous cinq figurez une danse mystérieuse, non sans harmonie, chantez la louange de celui qui des ténèbres appela la lumière !

« Air, et vous éléments, les premiers-nés des entrailles de la nature, vous qui dans un quaternaire parcourez un cercle perpétuel, vous qui, multiformes, mélangez et nourrissez toutes choses, que vos changements sans fin varient de notre grand Créateur la nouvelle louange !

« Vous, brouillards et exhalaisons qui en ce moment, gris ou ternes, vous élevez de la colline ou du lac fumeux, jusqu’à ce que le soleil peigne d’or vos franges laineuses, levez-vous en honneur du grand Créateur du monde ! et soit que vous tendiez de nuages le ciel décoloré, soit que vous abreuviez le sol altéré avec des pluies tombantes, en montant ou en descendant, répandez toujours sa louange !

« Sa louange, vous, ô vents qui soufflez des quatre parties de la terre, soupirez-la avec douceur ou force ! Inclinez vos