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Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/22

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notre abbé, comme il est radieux ; j’ai retardé ses plaisirs et les tiens, mais je ne veux pas vous en priver ; allons, Hic et Hec, reprenez votre besogne.

— La plaisanterie est trop amère, mon ami, quand tu vois mon repentir.

— Je ne plaisante point, j’ai donné à l’abbé ce que je te destinais, il est juste qu’il t’en dédommage ; les plaisirs que tu prendras devant moi ne peuvent m’offenser, puisque c’est de mon aveu, et que mes yeux jouiront par ce tableau.

Et tenant sa femme dans l’attitude la plus commode, il me pressa de me jeter dans ses bras. La singularité de tout ce qui venait de se passer me fit hésiter : il insista ; je cédai, et j’avoue que j’en mourais d’envie. Alors, nous serrant tous deux dans ses bras, il nous couvrit de caresses ; sa femme, d’abord embarrassée, se rassura et lui serrant la main, se livra sans réserve à mes transports, et parvint au but désiré en même temps que moi.

— Eh bien ! mes amis, dit-il, ne suis-je pas un complaisant ?

Des caresses furent notre réponse.

— Regarde, dit-il à sa femme, l’effet du spectacle que vous venez de me donner.

Et il lui découvrit son sceptre dans l’état le plus respectable.

— Qu’il est menaçant, s’écria-t-elle ; allons, mon pauvre Hic et Hec, vous allez être poignardé.

— Non, madame, c’est sur vous cette fois que ma fureur va tomber ; si, par hasard, dans neuf