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Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/38

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qu’elles touchaient au but, et bientôt nous vîmes les perles du plaisir couler sur le champ de bataille.

— Ah ! ma chère marraine, ah ! mon cher abbé, quel bonheur de ne plus être enfant.

Après cette exclamation et quelques caresses que la fatigue rendait plus modérées, nos belles allaient reprendre leurs habits, quand Valbouillant, que cette scène avait rendu plus brillant que jamais :

— Quoi ! dit-il, serais-je le seul qui n’aurait procuré aucun plaisir à cette charmante enfant ; non pas, s’il vous plaît, et, la serrant dans ses bras, il la renversa de nouveau sur le théâtre qu’elle allait quitter.

— Je ne puis le blâmer, reprit sa femme, jamais objet ne fut plus séduisant, mais nous, resterons-nous spectateurs oisifs ?

— Non, ma reine, non, permettez d’abord que ma bouche recueille le nectar que vous venez de répandre, pour faire place à celui que je veux y verser.

Elle y consentit, et ma langue amoureuse, furetant les recoins du parvis du temple, et savourant cette liqueur divine, ralluma ses désirs et les miens ; alors, l’entraînant sur moi à l’instant qu’elle introduisait le véritable dans la route ordinaire, j’insinuai mon doigt suffisamment mouillé dans le réduit voisin, et doublant ainsi ses sensations, nous arrivâmes ensemble au but désiré, à l’instant que Valbouillant perdait ses forces à côté de nous sur le sein de la jeune Babet. Nos soupirs se confondirent, nous res-