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Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/56

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arrive, qu’il peut laisser entrer, et pendant que plusieurs personnes, grands vicaires et autres, sont introduites :

— Je suis content, me dit-il, comme en continuant une conversation. Vos principes sont les vrais, vous avez approfondi la matière et quelques années de travail encore vous vaudrez Sanchez. Messieurs, poursuivit-il, en s’adressant aux arrivants, voilà un jeune homme qui me donne de grandes espérances, depuis une heure que je l’examine pour m’assurer de ses talents, je ne l’ai pas trouvé un instant en défaut ! il pousse un argument avec force, le soutient avec fermeté, et je crois qu’il fera un grand honneur à l’Église. Je l’ai pris pour mon lecteur, et, après notre dîner, je lui donnerai les quatre mineurs ; quand on trouve des sujets il ne faut pas les faire languir.

Tout le monde me combla d’éloges pour plaire à mon patron ; je me couvris du manteau de cette modestie hypocrite qu’on aime à trouver dans un jeune homme, mais dont les gens instruits sont rarement les dupes. En sortant de table, l’évêque me tint parole, je me trouvai sous-diacre, sans avoir fait d’autre séminaire que sur les coussins de Monseigneur et dans le boudoir de Mme Valbouillant.

Le prélat me permit d’aller lui faire part de mon avancement, et me rappelant, il me dit tout bas :

— J’irai chez eux quand je serai débarrassé de nos importuns, prévenez-les pour que nous puissions n’être qu’entre nous.