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Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/150

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LE RIDEAU LEVÉ


nisation et à la fermentation des liqueurs qui la mettent en mouvement. Rien ne peut s’y opposer ni les changer, que le temps seul, qui détruit tout. C’est à cet ensemble qui compose chaque être différent que se rapportent les variétés qu’on y découvre, et c’est encore du sort donné à chacun d’eux qu’ils tiennent cet ensemble qui s’y rapporte avec une liaison parfaite.

Nos sens éprouvent dans l’union des sexes des impressions dont nous ne sommes pas les maîtres. Tel objet frappe, séduit, inspire des désirs aux uns, qui ne produit rien sur les autres, quoique réellement agréable ; j’en ai vu bien des exemples. Sommes-nous affectés par un objet ? tout nous y entraine ou nous y porte ; quelquefois nous haïssons son humeur et son caractère, cependant il fait naître en nous l’idée d’un plaisir vif, nous en sentons l’effet ; le sixième sens s’élève, nous désirons, nous voulons en jouir à quelque prix que ce soit, sans avoir le dessein de nous y attacher, et souvent on le fuit après l’avoir possédé. En un mot, attachements solides, goûts passagers, tout est dans le cercle que nous avons à parcourir. Si nous trouvons de la résistance à nos poursuites, l’amour-propre vient se mêler de l’entreprise, et l’on emploie plus de souplesses et de moyens réunis pour vaincre cette résistance que pour attaquer ceux qu’on estime et qu’on chérit le plus.

Enfin la volupté, l’ambition et l’avarice, pas-