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Page:Mirabeau - Le Rideau levé ou l'éducation de Laure, 1882.djvu/153

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LE RIDEAU LEVÉ

Beaucoup de nations plus près de ces principes, moins écartées de ces impressions primitives, en suivent bien mieux l’impulsion que nous, qui, à force de polissure, sommes si éloignés de ses premières notions.

Jette les yeux, ma chère Laure, sur toutes les espèces d’animaux répandus sur notre globe : voit-on les femelles enchaînées aux mâles qu’elles ont eu l’année précédente ? La tourterelle, dont on fait une peinture qui n’est si touchante que parce qu’elle éveille et pique notre amour-propre, ne reste dans le même ménage que jusqu’au temps où sa famille n’a plus besoin d’elle ; souvent le même été la voit choisir un nouveau favori. Cherche d’autres exemples, ils sont pareils. Consultons la nature : quels ont été son but et ses desseins ?

La reproduction des êtres, et elle n’a imprimé tant de plaisirs dans l’union des sexes que pour y parvenir d’une manière agréable et par conséquent plus sûre. Le plaisir est même si dominant dans notre espèce, que souvent il nous fait agir malgré nous. Si je me suis détourné de ce but avec toi, nos coutumes et nos préjugés m’en ont imposé l’obligation absolue ; mais ce dessein est si marqué, qu’un homme bien constitué peut, en jouissant de plusieurs femmes fécondes, se reproduire autant de fois qu’il en aura connu. Si dans les deux sexes on trouve des individus qui ne répondent pas à ces vues, c’est une er-