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Page:Mirabeau l'aîné - Erotika Biblion, 1867.djvu/94

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EROTIKA BIBLION

donnés à la constitution physique dominante dans tel ou tel climat, s’écartent plus ou moins de la nature contrariée par l’homme. Ainsi dans les pays chauds, des habitants rembrunis, petits, secs, vifs, spirituels, seront moins laborieux, moins vigoureux, plus précoces et moins beaux que ceux des pays froids. Les femmes y seront plus jolies et moins belles ; l’amour y sera un désir aveugle, impétueux, une fièvre ardente, un besoin dévorant, un cri de la nature. Dans les pays froids, cette passion, moins physique et plus morale, sera un besoin très-modéré, une affection réfléchie, méditée, analysée, systématique, un produit de l’éducation. La beauté et l’utilité, ou toutes les beautés et les utilités, ne sont donc point connexes : leurs rapports s’éloignent, s’affaiblissent, se dénaturent ; la main de l’homme contrarie sans cesse l’activité de la nature ; quelquefois aussi nos efforts hâtent sa marche.

Par exemple, la loi respective de l’amour physique des pays septentrionaux et des méridionaux est très-atténuée par les institutions humaines. Nous nous sommes entassés, en dépit de la nature, dans des villes immenses, et nous avons ainsi changé les climats par des foyers de notre invention, dont les effets continuels sont infiniment puissants. À Paris, dont la température est bien froide en comparaison même de nos provinces méridionales, les filles sont plus nubiles que dans les campagnes, même voisines de Paris. Cette prérogative, plus nuisible qu’utile peut-être, annexée à cette monstrueuse capitale, tient à des causes morales, lesquelles commandent très-souvent aux causes physiques ; la précocité corporelle est due à l’exercice précoce des facultés intellectuelles, qui ne s’aiguisent guère avec le temps qu’au détriment des mœurs. L’enfance est plus