Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/28

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Dans la pénombre des ramures
j’entends encor ce rire aigu…
Tes fragiles seins ambigus
ont le hâle des prunes mûres ;

tes gestes brefs sont ingénus,
tu bondis dans les hautes herbes,
tu ris, tu ris… Les vents acerbes
soufflent le long de tes reins nus ;

tu ris — que ta lèvre est camuse ! —
tu ris de t’en aller de biais,
d’avoir un ongle tors aux pieds,
des yeux glauques chargés de ruse ;

tu ris, tu ris sans t’arrêter
d’être méchante, vive et brune,
et de danser au clair de lune
avec art et simplicité…

Ah ! Faunesse enfant déjà femme
qui ne connais ni foi ni loi,
ne ris plus — je retrouve en toi
l’envers sauvage de mon âme !