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Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/30

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SOLITUDE AU BORD DE L’EAU

Venez avec moi, suivez-moi, Solitude ;
venez — nous prendrons un pénombreux chemin,
et vous glisserez votre main dans ma main…
Et sur l’eau, voici qu’une brise prélude.

Fuyons les torpeurs, fuyons le blanc silence
de midi qui pèse à ces vignes en fleur ;
voici l’ombre et l’eau, le voile et la rumeur
— Venez avec moi, ma sœur en ressemblance !

Nos yeux se plairont à suivre les nuées
qui lancent leur robe aux quatre vents du ciel,
ou l’ardent essaim des insectes à miel
butinant le cœur des sauges remuées ;

venez, votre main confiée à la mienne,
jusqu’au lent chemin pénombreux et profond ;
alors, inclinant vers le mien votre front,
vous évoquerez des choses très anciennes…

Nul ne les saurait discerner ou comprendre,
ces choses dormant dans l’alcôve des nuits,
mais Jadis alors s’éveillera sans bruit
et me sourira, noble, discret et tendre ;