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Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/64

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ENNUI

La princesse Pensée est assise à ma porte.

Au fond du palais clos, d’or, de laque et de jade,
sur de graves coussins que chante un jet d’eau fade,
telle une fleur d’hiver rêve ma nonchalance ;
en des coupes d’argent meurent des violettes,
un arôme léger fume en des cassolettes,
et l’ennui, devant moi, l’ennui bleu se balance…

La princesse Pensée est assise à ma porte.

Et j’écoute siffler les rossignols de Perse,
et leur flûte se mêle aux notes que disperse
une flûte lointaine et dont la voix s’élance ;
un rayon de soleil, fugace amant des mouches,
d’une mouche de feu baise un coin de ma bouche,
et l’ennui, devant moi, l’ennui bleu se balance…

La princesse Pensée est assise à ma porte.

Ah ! palais enchanté, d’or, de jade et de laque,
frêles rayons dansants à travers l’ombre opaque,
musiques retombant aux jardins du silence,