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Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/68

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un simple anneau d’or autour de mon doigt,
ces lourds anneaux d’argent autour de vos chevilles ;

vous ignorez, grasse petite fille,
vous que des jeux puérils satisfont
mais qui régnez obscurément, selon le rite,
vous ignorez notre Occident cosmopolite,
notre nostalgie et nos ciels brumeux,
nos hâtes, nos secrets, nos jeux,
ce que nous portons de rudesse et de flamme,
et nos laideurs, et nos beautés,
et tout ce que la liberté
a fait de nous, les femmes !
Vous ignorez, vous ignorez ce qui nous touche…

Pourtant, sachez-le, le voile est en nous
que vous gardez, ô ma sœur, sur la bouche !

… Adieu, petits pieds traînant dans des babouches,
pots de fard, huiles, parfums, miel doux,
paresseuses mains aux grâces stupides,
rire enfantin — longs yeux sombres et vides…