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Page:Mirages-Renée de Brimont-1919.djvu/96

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ses doigts gourds tournent, tournent la manivelle…
Fausse d’un demi-ton, la ritournelle
égrène en mesure son chant enroué,
sa mélancolie désuète et niaise.

Je me souviens — j’avais alors de rondes joues
et mes cheveux en natte sur le dos…
Ma mère la jouait, la gavotte qui se trémousse !
Sur les touches ses petites mains couraient, douces ;
ses yeux se cachaient sous des cils mi-clos ;
elle fredonnait d’une voix un peu sourde…

Et voici qu’il danse sous ses robes bouffantes,
le Passé ! — Sol, do, si… Dièze ou bémol,
sous sa coiffure à brides il danse, il danse,
et son fantôme me fait la révérence…
Mi, do, ré… le Passé doux — le Passé mort !
— Ah ! ce Dimanche de province… ce Dimanche…