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Page:Mirbeau - Chez l’Illustre écrivain, 1919.djvu/191

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dans la rue des Trois-Hôtels… Ah ! sapristi !… Il est matinal aussi, le papa !… c’est très bien !… c’est très bien…

Il prit un livre dans la pile et l’ouvrit :

— Ah ! ah ! fit-il… voici donc la chose. Et nous allons commencer par le commencement… Savez-vous ce que c’est que ce livre ?

— Non, monsieur Narcisse.

— Eh bien !… c’est une grammaire latine, mon enfant !… Ah ! ah ! ah ! Et voici ce que nous allons faire… Asseyez-vous…

Quand je fus assis, en face de la table, il étala le livre devant moi :

— Vous voyez… ceci… Rosa, la rose… Rosæ (génitif), de la rose… etc. Vous allez m’apprendre cela par cœur… Ce n’est pas difficile… et quand vous le saurez vous me le réciterez… jusqu’ici !…

Il faisait mouvoir son doigt, en mouvements cadencés, comme un chef d’orchestre son bâton, il répéta :

Rosa, la rose… Rosæ, de la rose… Vous avez compris ? Ah ! ah !… C’est très bien !…

Puis, brusquement :

— Et votre mère ? me demanda-t-il. Je voudrais bien la voir… J’ai à lui parler de choses très… très importantes… Est-ce qu’elle ne va pas venir ?

— Maman n’est pas levée, répondis-je. Je crois que maman dort…

— Ah ! sapristi… C’est fâcheux…