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Page:Mirbeau - L’Abbé Jules, éd. 22, Ollendorff.djvu/323

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derrière le cercueil, la foule était énorme, une foule chuchotante et gouailleuse, qui commentait le testament de l’abbé… Les réflexions plaisantes, irrespectueuses, s’échangeaient d’un groupe à l’autre ; l’histoire de la malle circulait de bouche en bouche. Et cela faisait, tout le long du cortège, un concert de rires étouffés, de rires ironiques que rythmaient le derrlin, derrlin de la tintenelle, et, de minute en minute, la voix graillonnante d’un chantre. Au cimetière, la foule, grossie, se précipita, se bouscula autour de la fosse. Elle s’attendait peut-être à ce que mon oncle allait soulever tout à coup le couvercle de la bière, montrer sa figure grimaçante, exécuter une dernière pirouette, dans un dernier blasphème. Quand le trou fut comblé, l’assistance se retira lentement, déconcertée de n’avoir rien vu de surnaturel et de comique. Personne ne vint jeter un peu d’eau bénite sur la terre nue, où pas une couronne, pas une fleur ne fut déposée.


Le quatrième jour qui suivit la mort de mon oncle, nous nous acheminions, mon père et moi, vers les Capucins. M. Robin, qui devait assister à l’incinération de la malle, avait tenu à nous emmener avec lui. Déjà le notaire, M. Servières, le commissaire de police étaient arrivés. Au milieu de la cour, une sorte de petit bûcher était préparé, un bûcher fait de trois fagots très secs, et de margotins qui devaient alimenter le feu. M. Robin était venu poser les scellés, partout,