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Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/298

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L’Humanité

Tu ne passeras pas, maudite gueuse. Regarde, derrière toi, les chemins que tu as parcourus ; partout la nuit, le malheur, la désolation. Les moissons sont détruites, les villes incendiées, et, dans les champs dévastés et dans les forêts abattues, pourrissent des monceaux de cadavres sur lesquels s’acharne le corbeau. Chacun de tes pas est marqué d’une fosse où dorment à jamais les meilleurs des enfants des hommes, et les grains de sable des routes, et les brins d’herbe des prairies, et les feuilles des arbres sont moins nombreux que tes victimes. Tu ne passeras pas.

La Guerre

Je passerai, vieille radoteuse, et tes sensibleries ne m’arrêteront point. Il faut que toute la terre s’éclaire à mon soleil de sang