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Page:Mirbeau - Lettres de ma chaumière.djvu/63

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monde apprendrait que j’étais déshonorée… Peut-être que ma nouvelle maîtresse ne voudrait plus de moi… Je ne dis rien… Et ç’a été mon tort… Ma maîtresse était une vieille fille, désagréable, avare, tracassière, exigeante et qui grognait toujours. On avait beau faire consciencieusement son service, elle n’était jamais contente. Sans cesse sur votre dos, avec cela, fouillant, furetant partout et, s’il manquait par hasard, un morceau de sucre ou une épingle, vous accusant de la voler et menaçant de la police… Je ne fus pas très heureuse avec elle… Ne voilà-t-il pas, qu’au bout de quelques semaines, je m’aperçus que j’étais enceinte !… Ah ! monsieur ! vous dire toutes les transes, toutes les angoisses par lesquelles je passai, c’est impossible… Enceinte, moi ! et de ce garçon !… Ainsi le déshonneur, que j’avais voulu éviter, allait devenir public !… J’étais folle, je voulais me tuer… Dire cela à ma maîtresse, que j’étais enceinte, autant reprendre mes hardes