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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/163

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nale… le germe de la révolution… Quand on donne pour vingt sous de bien-être et de liberté à un ouvrier… il en prend tout de suite pour vingt francs… C’est réglé…

Duhormel

Pour vingt francs… pour cent francs.

Capron

Lâchez-lui la bride sur le cou… et il s’emporte… Et il rue… et il ne sait plus où il va… et il casse tout… Il y a longtemps que je l’ai observé. (Affirmatif et doctoral.)… Le prolétaire est un animal inéducable… inorganisable… imperfectible… On ne le maintient qu’à la condition de lui faire sentir, durement, le mors à la bouche, et le fouet aux reins… J’ai dit tout cela à Hargand, autrefois… car avec ses manies d’émancipation, ses boulangeries et ses boucheries coopératives… ses écoles professionnelles, ses caisses de secours, de retraites… ses sociétés de prévoyance… toute cette blague socialiste — oui, socialiste — par quoi, loin de fortifier son pouvoir, on ne risque que de le diminuer et de le perdre… il rendait difficile dangereuse, notre situation à nous autres qui sommes bien un peu obligés de nous modeler sur lui… Il doit s’apercevoir aujourd’hui que j’avais raison… (Sur un mouvement de Geneviève.) Notez, mademoiselle, que je ne crois pas, cette fois-ci, à la grève… Comme Duhormel, je suis convaincu que c’est un mouvement factice…

Duhormel

Parbleu !…

Capron

Qu’il ne repose sur rien de sérieux… par conséquent,