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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/172

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quelle joie !… comme ce serait charmant !… quelle idylle exquise et virgilienne. Ne plus avoir de responsabilités sociales… plus de dilatation d’estomac… plus de neurasthénie… plus de goutte !… car les pauvres ignorent la goutte, les veinards… Eh bien, je ne puis pas, même par le rêve, être ce pauvre heureux, candide et bien portant…

Geneviève

Qui vous en empêche ?

De la Troude

Mais, ma chère enfant, j’ai trop d’hôtels, de châteaux, de forêts, de chasses, d’amis, de domesticité… Je suis rivé à ce boulet : la richesse !… (Soupirant.) Il faut bien que je le tire !…

Capron et Duhormel approuvent, en soupirant, eux aussi, et levant les bras au ciel.

Geneviève, se levant et allant vers la porte.

Et mon père qui ne vient pas ?… Je suis vraiment inquiète…

De la Troude, à Duhormel et à Capron.

Vous le voyez… elle est inquiète… Est-ce que les pauvres sont jamais inquiets, eux ?… (Il se lève). Et ils nous envient !… (En se retournant, il voit Robert qui est revenu s’appuyer à la grande baie de l’atelier.) Pourquoi restez-vous dans votre coin ?… Pourquoi ne dites-vous rien ?…

Robert, pendant toute cette scène, a donné des signes d’énervement.

Et que pourrais-je vous dire ?… Vous êtes les sourds éternels… Vous n’entendez pas plus ce qui vous implore que ce qui vous menace !… Avec moins de pitié