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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/27

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L’Interviewer

Vous n’avez pas de famille ?… Bizarre, mais possible, après tout… (Il fredonne.)

L’enfant perdu que sa mère abandonne…

Pauv’Chapuzot !… (Chapuzot passe derrière le comptoir, va vers la table de gauche qu’il essuie, revient au comptoir, retourne à la table. L’interviewer suit tous ses mouvements.) Alors, dès votre naissance, vous avez été livré aux mauvais instincts de la solitude, aux déplorables exemples de vagabondage ?… Ce serait une explication… une excuse peut-être.

Chapuzot, tandis qu’il va et vient, levant et crispant les poings.

Ah ! ah ! ah !

L’Interviewer

Vous ne répondez pas ?… (Un temps.) C’est chez vous une volonté bien arrêtée de ne pas répondre ?

Chapuzot

Mais, nom de Dieu !… qu’est-ce que vous voulez que je réponde ?

L’Interviewer

Autre chose, alors ?… Vous reconnaîtrez que j’y mets de la patience, de la ténacité… de la délicatesse ?… Je ne vous prends pas en traître. (Il l’arrête un instant dans ses va-et-vient.) Y a-t-il eu préméditation dans le choix de la bouteille de cassis ?…

Chapuzot, se dégageant et repartant.

Encore le cassis !… Mais qu’est-ce que vous dites ?