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Page:Mirbeau - Théâtre II.djvu/64

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insultes grossières des passants… aux brutalités de mes agents… aux congestions pulmonaires… à pire peut-être ?… Réfléchis un peu… sans nervosité… avec sang-froid… (Grave, emphatique.) Mon enfant… ces sacrifices-là… qui élèvent l’âme… qui purifient l’âme… ces sacrifices sublimes… on ne les exige que des créatures que l’on aime… véritablement… passionnément…

Flora, un peu étonnée, ne comprenant pas très bien.

Tu dis ça…

Le Commissaire

Hé oui !… je dis ça… Évidemment, je dis ça… je dis ça parce que c’est la vérité… parbleu !… (Flora hoche la tête.) As-tu lu Bourget ? (Flora fait signe que non.) Ivresse dans le sacrifice… volupté dans la souffrance… souffrance dans la volupté.

Flora, haussant les épaules.

Des blagues !

Le Commissaire

Comment des blagues ?… La vérité psychologique… psychologique et chrétienne, mon bébé… Ce qui me fait de la peine… ce qui me vexe un peu… c’est que j’aie besoin de te dire tout cela… Les autres femmes… les femmes qui ont lu Bourget… auraient compris ça… auraient senti ça… tout de suite…

Flora, après un temps où elle est toute songeuse.

Tu m’aimes, peut-être… mais tu ne me respectes pas… (Le commissaire proteste d’un geste.) Non… tu ne me respectes pas… J’ai beau être une petite cocotte… tu ne me respectes pas… assez.