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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/143

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prévoir facilement les avantages que retireront ceux qui maintenant auront su prendre la direction de ce mouvement. Les avantages du reste ne seront pas seulement religieux, mais aussi politiques et économiques. Les Anglo-Saxons, gens pratiques, le savent très bien. La justesse de ces réflexions se vérifie de plus en plus en Corée, comme ailleurs du reste : aussi il n’est pas inutile de signaler d’une manière spéciale cette propagande protestante et ces succès dangereux pour la cause catholique. Ce n’est pas notre rôle de signaler ce danger au point de vue politique et économique. Passons, après avoir fait la simple remarque suivante, dont la vérité est déjà vérifiée par l’expérience. C’est que le protestantisme, avec sa mentalité particulière et son système d’éducation, est forcément révolutionnaire : il arrive même à dénationaliser ses élèves, tandis que le catholicisme, essentiellement conservateur, s’accommode très facilement des habitudes du peuple chez qui il s’implante. Nous voulons seulement signaler le danger protestant au point de vue de l’avenir du Catholicisme en Corée. Il est un fait, que tous les missionnaires ont expérimenté, là où les protestants ont jeté la semence de l’erreur, c’en est fait pour le moment de l’espoir de conversions sérieuses à la religion catholique. Les théories du libre examen, de la self-éducation, du self-government, font leur travail dans les esprits. Le principe d’autorité, autrefois en honneur parmi ces peuples, est battu en brèche. Aussi peut-on dire que les Coréens une fois protestants sont moins que jamais préparés à recevoir notre doctrine, doctrine qui se présente justement avec ce principe d’autorité qui fait sa force, et principe indiscutable et intangible. Telle est la situation. Faut-il malgré cela désespérer ? se décourager ? Non, certes. Malgré sa grande prospérité, malgré ses succès énormes, le protestantisme, partout où il se trouve, porte en lui et contre lui un germe de mort, de division, de désagrégation. « Un mauvais arbre ne peut pas produire de bons fruits ». Voilà sa faiblesse.

Déjà en Corée nous voyons les sectes se fractionner, se diviser, se rendre indépendantes. La théorie du self-government se retourne contre ceux qui la prônent : ici ou là nous voyons des groupes indigènes protestants rejeter le contrôle des pasteurs