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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/57

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MORT DU ROI DE CORÉE. RÉVOLUTION DE PALAIS. — Au commencement de 1864 survint un événement, qui eut pour la religion les suites les plus funestes, et prépara les voies à cette épouvantable persécution de 1866, qui devait ensanglanter la Corée durant plusieurs années. Le Roi Tchyel-tjong mourut le 15 Janvier, et sa mort fut cause d’une révolution de palais. La Reine Tjyo, veuve d’un des rois précédents, et ennemie, comme toute sa famille, de la religion catholique, s’empara par surprise du sceau royal et donna le trône à un enfant de douze ans, fils du Prince Heung-syen. C’est ce roi qui régna sur la Corée jusqu’en 1907, et qui, sous la pression des Japonais, dut alors abdiquer pour céder la place à son fils, dont le règne se termina brusquement en 1910 par l’annexion de la Corée au Japon. Son coup d’audace fait, la reine confia l’administration du royaume au père du jeune roi, le prince Heung-syen, connu surtout dans l’histoire sous le nom de Régent ou Tai-ouen-koun. Ce personnage a joué un rôle capital en Corée depuis l’année 1864, jusqu’en 1882. Intelligent et rusé, il restera célèbre avant tout pour sa cruauté. Chose curieuse : la princesse Min, femme de ce Régent et mère du roi, connaissait la religion catholique, avait appris une partie du catéchisme, récitait chaque jour quelques prières et faisait demander des messes à Mgr. Berneux, par l’intermédiaire de la nourrice du roi, qui était chrétienne et continuait à habiter le palais. Cette dernière eût peut-être pu rendre de grands services à la religion, si elle avait été plus instruite, mais son influence en définitive fut insignifiante.

La révolution qui venait d’éclater, écarta du pouvoir les ministres du roi défunt qui n’étaient pas hostiles au catholicisme. Ils furent remplacés par des hommes d’un caractère à prendre contre les chrétiens les mesures les plus extrêmes. Ainsi se préparaient les terribles événements qui devaient accabler de maux l’Église coréenne. Nous allons voir plus loin qu’un incident de la politique étrangère en précipita soudain la réalisation.


ARRIVÉE DE QUATRE NOUVEAUX MISSIONNAIRES. — La révolution de palais, dont nous venons de parler, n’était donc pas sans créer aux missionnaires des craintes aussi sérieuses que