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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/79

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sabre. Aussi sans pencher ni pour l’un ni pour l’autre, je dis seulement au bon Dieu : fiat voluntas tua ! »


QUE FAUT-IL PENSER DE L’INTERVENTION D’UNE PUISSANCE ÉTRANGÈRE DANS UN PAYS PAÏEN EN FAVEUR DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE ?

Nous avons vu plus haut l’insuccès de l’Amiral Roze. Un des amis de l’Amiral lui ayant exprimé son étonnement de l’insuccès de cette expédition, il répondit « J’ai obtenu ce que je voulais. » Mais jusqu’ici personne n’a pu savoir ce qu’il voulait en réalité, à moins qu’il n’ait voulu détruire la ville ouverte de Kang-hoa, aussi innocente que l’amiral du meurtre des missionnaires. En somme et humainement parlant, il fit trop ou trop peu. Son indécision et ses hésitations, qu’il est permis d’imputer à l’absence d’instructions précises de la part du gouvernement français, ne firent que nuire à la cause qu’il croyait servir. Sans doute il est facile de comprendre que, dans des temps de persécutions sanglantes, quand des chrétientés entières sont noyées dans le sang, les pauvres victimes ne reculent pas devant l’appel à l’intervention d’une force armée en leur faveur. En cas de succès, la liberté religieuse est assurée aux nouveaux convertis, rarement cependant avec des garanties suffisantes ; du moins les missionnaires peuvent se livrer avec moins d’entraves à leur ministère apostolique, néanmoins, même dans cette hypothèse, les avantages de l’immixtion d’une puissance étrangère sont bien problématiques, parce qu’elle fortifie chez les païens la fausse opinion qu’ils se font sur le rôle des missions, en regardant les missionnaires simplement comme des explorateurs chargés de préparer les voies à leur nation, et les chrétiens convertis comme de mauvais citoyens, hostiles à l’indépendance de leur patrie. D’autre part, les relations commerciales, qui sont habituellement la conséquence d’une intervention armée, mettent les nouveaux convertis en relation avec d’autres Européens. Or la grande force des missionnaires repose sur la beauté de la doctrine qu’ils enseignent et sur la conformité de leur vie avec cette doctrine, sur leur désintéressement, leurs vertus poussées jusqu’à l’héroïsme. Mais quand le com-