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Page:Missions étrangères de Paris - Le catholicisme en Corée, son origine et ses progrès, 1924.pdf/96

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sentants des Puissances étrangères. La même année mourut le Régent ainsi que son épouse, la Princesse Marie. Ce célèbre persécuteur de la religion catholique était depuis longtemps déjà troublé, et pris de remords, au souvenir de ses anciennes tueries. Il est même certain qu’il fit offrir, par l’entremise des bonzes, des sacrifices aux âmes des chrétiens mis à mort depuis 1866, « afin, dit-on, de consoler ces pauvres âmes du regret qu’elles ont dû éprouver de quitter ainsi la vie. » C’était déclarer publiquement que les chrétiens étaient innocents, qu’on ne pouvait leur reprocher aucun crime.


2o DANS LES PROVINCES. — Tout est en train de s’organiser désormais, on profite des demi-libertés concédées si parcimonieusement par les traités. Mgr. Mutel, prêchant d’exemple, et infatigable dans ses courses apostoliques, parcourt annuellement une partie ou l’autre de son immense vicariat. Il n’y avait pas alors de chemin de fer, pas de routes, rien que des pistes muletières, étroites et peu ou point entretenues. Les voyages étaient longs, peu rapides, il fallait dix ou quinze jours à cheval pour gagner certains districts éloignés. Peu importe, le vaillant Vicaire Apostolique voit en détail, non seulement les résidences de ses prêtres, mais toutes les stations chrétiennes sans en omettre une seule, se montrant ainsi à tous les chrétiens, heureux de pouvoir enfin recevoir leur Évêque en grande pompe et au grand jour, sans avoir comme jadis à se cacher des païens. Encore une fois l’Église triomphait et le Christ régnait en Corée. Les postes de missionnaires commencent à se fonder et à se multiplier. Avant 1890 aucune résidence fixe n’existait à l’intérieur du pays. Les missionnaires stationnaient ici ou là, évitant les villes, se cachant surtout dans de profondes vallées, habitées seulement par des catholiques. Insensiblement le régime de liberté s’accentuant, ils purent sortir de l’ombre eux aussi. C’est ainsi, que pour ne parler que des centres les plus importants, Chemoulpo se fonda en 1890. En cette même année le Père Robert s’implante, mais non sans peine, dans la ville importante de Tai-kou. En effet, il avait été un beau jour chassé de cette ville par la populace, mais y avait