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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/102

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où sont enfermées les deux dames, qui éprouvent sans doute toutes les angoisses de l’incertitude, de la crainte, du désespoir.

Depuis le moment où les premiers coups de s’étaient fait entendre, la baronne et sa s’étaient jetées à genoux et avaient imploré l’assistance du Ciel. Fidèle au parti qu’elle avait embrassé, la vieille dame demandait à Dieu et à ses saints le triomphe des Espagnols. Elle promettait des cierges à Notre-Dame et des neuvaines à son ange gardien ; faisait vœu de fonder une chapelle, s’il n’échappait aucun de ces infâmes gueux de mer. Marguerite, au contraire, éclairée par les scènes odieuses dont elle avait été le témoin et presque la victime, ne pouvait faire des vœux pour ces féroces étrangers qui opprimaient son pays. Quelque affreuse idée qu’on lui eût autrefois donnée de la cruauté des gueux et de leur impiété sacrilège, elle ne voyait plus en eux que les défenseurs de la Belgique, les compagnons d’armes de son libérateur, et du héros qu’elle avait appris à mieux connaître en le voyant : aussi désirait-elle leur triomphe aussi ardemment que la vieille dame souhaitait leur défaite. Toutes deux priaient à voix basse, les yeux baissés et les lèvres tremblantes.

Mais quand les nombreuses décharges de l’amiral espagnol eurent ébranlé l’air et la mer, la baronne releva fièrement la tête, et, regardant la jeune fille éperdue : Écoute, chère enfant, lui dit-elle, écoute ce tonnerre vengeur ; la foudre tombe maintenant sur la tête des coupables.