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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/110

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— Prince, répondit le jeune homme profondément ému, il n’y a point de chaînes que la piété filiale ne puisse rompre. Vainement le roi Philippe entoure le comte de Buren de gardes et de surveillants : il trompera leurs regards pour retourner auprès de vous.

Guillaume soupira. — Mon fils n’avait que treize ans, dit-il, lorsque le duc d’Albe l’enleva, au mépris des privilèges de l’Université de Louvain, et l’envoya captif en Espagne. On l’a entouré de moines, on l’a livré à des fanatiques qui travaillent sans relâche à aveugler son esprit et à dénaturer son cœur. Peut-être lui ont-ils déjà appris à me haïr.

— Non, s’écria le jeune homme, le fils d’un héros ne peut dégénérer à ce point ! Que Votre Altesse me permette de sonder les dispositions du comte de Buren. Je connais à la cour de Madrid un officier flamand, le comte de Waldeghem, auquel le Roi accorde sa confiance, mais qui certes ne refuserait point de rapprocher un fils de son père. Souffrez que je m’adresse à lui, pour pénétrer les véritables sentiments de ce jeunè captif, et pour le désabuser, s’il le faut.

— Faites ce que vous jugerez convenable, dit le prince, sensible au dévouement de Louis de Winchestre : quel que soit le succès de votre généreuse résolution, vous aurez mérité toute ma reconnaissance.

La petite barque était près du rivage ; on aborda au fond d’une baie, que le prince avait désignée au