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Page:Moke - Le Gueux de Mer ou La Belgique sous le Duc d'Albe, sd.djvu/129

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science ne te reproche-t-elle point d’avoir embrassé ce parti ?

— Non, mon père, non jamais, répondit le jeune homme en relevant fièrement la tête.

— Eh bien ! Dieu aura pitié de celui de nous qui se trompe. Tu as cru faire ton devoir, Louis ; tes intentions étaient pures : reçois la bénédiction de ton aïeul.

Le jeune homme s’agenouilla, et le vénérable vieillard posa les mains sur sa tête et le bénit en versant des larmes.

— Louis, dit-il ensuite, j’ai une prière, une seule prière à t’adresser : aussi longtemps que tu resteras près de moi, et que tu porteras le nom de ta famille, évite de manifester tes opinions ; épargne-moi cette douleur, ô mon fils !

— Aussi longtemps que je resterai près de vous, répondit le jeune homme, vos moindres désirs seront des lois pour moi.

Ils s’embrassèrent alors, et le bon seigneur fit venir tous ses gens, pour les présenter à celui qui devait un jour être leur maître. Le salon se remplit d’une foule de domestiques qui avaient presque tous vieilli au service des Gruthuysen. Ils pleuraient de joie en revoyant le dernier rejeton de cette famille illustre qui avait été leur bienfaitrice, et dont leurs pères avaient mangé le pain. L’accueil aimable et bienveillant qu’ils reçurent de lui redoubla leur dévouement, et une heure après que Louis de Winchestre fut rentré dans l’habitation de ses aïeux il n’y avait per-